- aurore37 a écrit:
- Interview sur Welomusic du 13/12/2011
Cliquer sur chaque phrase en bas de la vidéos pour voir la réponse de Gérald
http://www.welovemusic.fr/interviews-video/G%C3%A9rald_de_palmas/4834-G%C3%A9rald_de_Palmas/question/3
La retranscription écrite de cette interview vidéo sur ce lien : http://www.waxx-music.com/artistes/interview/Gerald-de-palmas_512.html
Interview de Gérald de palmas"Non seulement je n'en ai pas eu marre mais en plus, j'ai un vrai attachement et une vraie reconnaissance - si on peut avoir une reconnaissance envers une chanson, pour Sur la route."Tout sourire, ultra détendu, Gérald de Palmas n'aura eu qu'un seul petit souci pendant notre interview, dans une belle chambre d'un grand hôtel parisien: une forte montée de sa température intérieure suite à deux camomilles très chaudes, avalées un peu trop vite. Nous gardons pour nous les images de son strip-tease…?C'est ton 1er best-of. Comment est-ce qu'on choisit ses titres ?Gérald de Palmas : En l'occurrence, sur l'une des versions, y'a deux CDs. Donc un CD sur lequel il y a principalement les singles. Pas très original. Et l'autre CD, j'ai mis des petits trucs qui me faisaient rigoler tout au long de ces années : des reprises en anglais, du live, des chansons d'albums qui n'ont pas été des singles mais que moi j'aime bien? Ce genre de choses?
Pour toi, un vrai single, c'est un titre qui marche bien sur le net ou en concert ?Gérald de Palmas : Un vrai single, c'est un titre qui n'a pas trop mal marché à la radio et en concert. Je ne me pose pas bien cette question? Je ne me la pose pas du tout, pour t'avouer la vérité ! Non c'est les chansons les plus connues, celles que les gens recherchent dans un best of. Et moi, j'en profite pour en glisser aussi deux-trois nouvelles.
Tu as dit qu'il y a certains morceaux ici dont tu aurais aimé qu'ils soient des singles. C'est lesquels ?Gérald de Palmas : Par exemple, Les lois de la nature. C'est un morceau que j'aurais aimé voir en single à la radio. Mais ça n'a pas été le cas. Je l'ai d'ailleurs foutu dans le CD " singles "?
Qu'est-ce qui fait d'un morceau, un single, pour toi ?Gérald de Palmas : Tu veux dire que ça marche ou que tu le choisis comme single ? Tu le choisis comme single généralement avec l'avis de la maison de disque. Qui sont plus experts que moi en marketing et qui sauront mieux choisir le titre qui sera le plus facile d'accès. Après, qu'est-ce qui fait qu'un titre marche ? Heureusement, c'est impossible de le savoir. C'est une magie et ça c'est bien. C'est bien que ça reste inexplicable.
Tu as finalement mis 18 ans pour sortir ton 1er best-of. Pourquoi ?Gérald de Palmas : Parce qu'avant, c'est un peu ridicule de faire ça. Les gens qui sortent leur premier best-of après deux albums, c'est ridicule ! Mais généralement, c'est pas la faute des artistes, c'est souvent les maisons de disque qui sortent des best-of à tire-larigot, sans demander l'avis de l'artiste. Surtout quand il est mort? Ce qui peut être compréhensible. Donc, non, j'attendais que ce soit le bon moment. Et qu'il y ait quelque chose à mettre dedans. Et que ce soit rigolo à faire. C'était le bon moment.
En quoi c'est rigolo à faire, un best-of ?Gérald de Palmas : Je faisais l'analogie avec un gamin qui a plein de petites voitures. Moi je faisais ça quand j'étais gamin, je me rappelle : je jouais mais, de temps en temps, je les mettais côte à côte et je m'arrêtais deux secondes de jouer. Je les regardais avec la satisfaction de voir la collec' de voitures. C'est un peu le même principe. Quand t'as fait quelques singles? Faut pas faire ça trop longtemps mais je crois que ça va, j'ai pas de problèmes d'égo surdimensionné. Une fois tous les dix-huit ans, c'est sympa de s'arrêter et de regarder ce qu'on a fait.
Dix-huit ans pour toi, c'est l'âge d'une certaine maturité ?Gérald de Palmas : Je sais pas trop, ces histoires de maturité? Tu évolues, inévitablement. Ton sens critique s'affine. Tu lis des choses, il t'arrive des choses donc ton jugement est complètement différent. Mais est-ce qu'il y a maturité, qui tendrait à dire qu'on est mieux maintenant qu'avant ? Je ne résonnerais pas comme ça, moi. Y'a une évolution mais une maturité mais je ne pense pas.
Parfois, les artistes disent que la maturité arrive avec la paternité. Toi, ça t'est arrivé y'a longtemps ?Gérald de Palmas : Quoi, la paternité ou la maturité [rires] ? La paternité, ça m'est arrivé y'a quinze ans. Mon fils a quinze ans. Et non, moi, c'était un drame psychologique. J'étais as du tout prêt à être père, la responsabilité que ça comporte et tout ça? Non, non, c'était un gros challenge à gérer ce truc-là. Comprenons-nous bien, j'adore mes enfants mais j'avais pas prévu que ce soit aussi compliqué que ça. Donc, je pense pas que ça ait de rapport. Et en plus, regarde les Beatles, tous les plus gros tubes, c'était au début ! Donc la maturité, ça veut pas dire grand-chose en vérité?
Justement, ta première petite voiture, c'était Sur la route. A un moment, t'en as pas eu marre de cette chanson ?Gérald de Palmas : Non, jamais ! Non seulement je n'en ai pas eu marre mais en plus, j'ai un vrai attachement et une vraie reconnaissance - si on peut avoir une reconnaissance envers une chanson, pour Sur la route. Parce que ça a été vraiment la chanson qui m'a permis s'exister en tant qu'artiste, qui m'a ouvert vachement de portes, la possibilité de faire des concerts, de rencontrer des gens, de jouer. Non, jamais j'en aurais marre. Et puis sur scène, j'ai fait des petites variantes, on fait des arrangements. Ca n'a rien à voir avec ma version de 1993. On évolue. Non, au contraire, je respecte cette chanson !
Tu parles de petits arrangements, t'as mis sur ce CD la maquette de Marie, qui est bien différente de la version de Johnny. Pourquoi maintenant ?Gérald de Palmas : Parce que c'était l'occasion, comme je faisais une espèce de bilan, de mettre un peu tous les singles que j'avais fait. Et ça fait partie des chansons qui ont bien marché. Même si c'est pas moi qui l'ai chantée. Et je trouvais ça comique de mettre la maquette. Mettre une maquette, c'est rigolo?
Quelle version tu préfères ?Gérald de Palmas : Laquelle ? La mienne, bien sûr [rires] ! Non, certainement pas ! Je préfère celle de Johnny ! C'était un super souvenir et je me suis éclaté à faire ça ! Ca a été un vrai succès, j'ai été super fier de ce succès. J'ai pas fait énormément de collaborations. Je suis pas très fort pour ça. Mais tout c'était super bien passé avec Johnny à cette époque-là. c'était fluide. C'est pas mon univers. J'y suis pas retourné d'ailleurs, dans ces choses-là. Mais j'ai vécu ça comme un trip, qui a duré quatre mois. Et je me suis éclaté.
Tu as d'ailleurs dit que tu étais un mec solitaire mais avec de belles rencontres sur le chemin?Gérald de Palmas : Oui, musicalement ! Je sais pas peut-être un besoin, comme un artisan, de passer des heures sur le truc. Et ça, tu le fais seul. C'est difficile d'avoir des gens autour de toi quand tu fais ça. Mais je regrette un peu ça, parfois. Par exemple, je change énormément en ce moment. Je collabore beaucoup plus avec des musiciens. Je passe beaucoup plus de temps, su scène, à jouer avec des musiciens. Parce que, c'est ce qu'on disait tout à l'heure, tu évolues, dans une vie. Et c'est vrai qu'il y a eu une époque où j'ai aimé être seul à bidouiller dans mon studio. Mais maintenant, j'aime partager ça avec les musiciens et sentir le contact quand on joue. Y'a un truc qui est super important quand tu joues avec des musiciens, c'est le rythme. On a tous une horloge interne, sur un rythme. Moi je l'entends d'une façon, le rythme, et toi d'une autre. Et y'a un moment, quand on joue, où toutes nos horloges sont pile poil ensemble. Ca ne dure pas très longtemps, c'est des moments assez fugaces mais c'est des moments hyper jouissifs ! Ces moments-là, ça vaut tout l'or du monde. Pendant quelques secondes, tu sens qu'on est très imbriqués, j'adore ça !
Par contre, ré-écrire pour les autres, c'est fini ?Gérald de Palmas : Non, pas du tout, c'est pas fini. Mais comme je te disais, je fais pas ça en claquant des doigts. Il faut l'excitation. Je me rappelle que Johnny, c'était excitant, c'était rigolo. C'est un personnage tellement à l'opposé de ce que je suis, on était parti à Los Angeles. C'était un trip ! Donc c'était excitant ! Il faut trouver ça. Si j'ai pas ça, je peux pas. C'est pas comme écrire de la musique et écrire mes chansons, qui est un besoin viscéral pour moi. Ca, j'ai pas besoin d'être motivé, c'est un besoin. Ecrire pour les autres, il faut qu'il y ait en plus l'excitation de la rencontre.
On parlait de la maquette de Marie. Il y a aussi un inédit, L'étranger. Comment est né ce morceau ?Gérald de Palmas : La musique vient toujours après les histoires. Et le texte vient aussi après les histoires [rires] ! Non, comment il est venu? C'est difficile à expliquer, c'est un besoin. Y'a un moment où t'as envie d'exprimer quelque chose et moi, quand ça monte comme ça, c'est la musique. Et je serais bien incapable de te dire comment ni pourquoi, c'est un besoin. Et heureusement que j'ai ce besoin-là? L'envie que créé le besoin, y'a que ça qui compte dans ce métier !
Dans ce morceau-là, tu chantes en anglais, avec un côté très rock. Ca annonce ton prochain album ?Gérald de Palmas : Je sais pas du tout. Je n'ai aucune idée de ce que je ferais plus tard. Mais même à l'époque, ça a toujours été comme ça, j'ai jamais été foutu de savoir, quelques mois à l'avance, ce que je vais faire. Là, j'avais envie de chanter en anglais et j'avais envie de le faire de cette façon-là. Et je sais pas du tout ce qu'il en sera dans six mois.
Y'a eu cinq ans entre le dernier album et le précédent. On va attendre combien de temps avant un nouvel album ?Gérald de Palmas : Je sais pas du tout. Je suis pas fan du format album, pour te dire la vérité. Comme je suis auteur-compositeur, souvent je fais les arrangements et ça fait beaucoup de boulot, beaucoup de casquettes différentes et c'est super long. Ca veut dire que, pendant tout ce temps-là, je suis seul, enfermé dans mon studio à bosser et je partage pas beaucoup avec les autres. Et au bout du cinquième album, ce processus-là commence à me peser. Donc, soit il faut que je monte un groupe, pour partager tout le temps avec les autres. Soit on essaye autre chose. Les formats sont en train de changer, de toute façon. T'es au courant qu'il y a comme un petit souci dans le disque. Peut-être qu'on pourra passer sur du format court, 5-6 chansons mais plus souvent ! Ca, ça m'irait bien ! C'est pas super logique ce que je dis parce que ça demande à peut prés la même somme de travail de faire deux fois cinq qu'une fois dix? Mais bon [rires] ! Mais il faudrait que je réfléchisse un peu plus à ça.
Ce titre s'appelle L'étranger. C'est quand la dernière fois que tu t'es senti étranger aux autres ?Gérald de Palmas : C'est un peu personnel pour que je te réponde ! Je préfère le dire dans les chansons. Sinon, ça me gène un peu. C'est pas un truc dont j'ai envie de parler. C'est un sentiment étrange, de se sentir étranger chez toi.
Cette pochette a été faite à La Réunion. Pourquoi ?Gérald de Palmas : Parce que je suis né là-bas, que c'est mon pays et que dés que j'ai l'occasion d'y aller, j'y vais. Je me sens bien là-bas. Et comme je suis pas toujours très à l'aise devant une caméra donc je me suis dit : si je suis à l'aise là-bas, peut-être que je serais plus à l'aise devant une caméra. Et j'essaye de vendre ça à la maison de disque pour qu'ils me paient un voyage à La Réunion. Jusqu'à maintenant, ça marche à peu prés [rires] !
Et qu'est-ce que tu aimes bien dans cette session vidéo-photo ? En quoi ça te ressemble ?Gérald de Palmas : Ca me ressemble parce que c'est mon pays, je suis né là-bas, c'est mes racines et c'est toute ma tende enfance. De zéro à dix ans, c'est à que t'es vraiment imprégné. Ca me parle énormément ! C'est des souvenirs qui sont ancrés très profondément dans ma cervelle. Donc ça me parle fort.
Sur le second CD, y'a trois live et deux morceaux acoustiques. Tu les as choisis parce que c'était tes morceaux préférés ou parce que c'était la meilleure interprétation ?Gérald de Palmas : Un peu des deux. Parce que je trouve qu'il se passait quelque chose, dans ces versions live, de sympathique. C'est déjà pas mal.
Ton best of s'appelle Sur ma route. Alors, dans quelle mesure tes voyages font-ils partie de ton inspiration ?Gérald de Palmas : Je n'en ai pas vraiment conscience. Inévitablement, les lieux que tu fréquentes, les gens que tu rencontres, les émotions que tu éprouves, marquent ton inconscient, font partie de toi et ressortent un jour ou l'autre dans ce que tu fais, que tu sois artiste ou pas. Dans quelle mesure, après? C'est difficile justement parce que tu n'en as pas conscience ! Tu vas peut-être croiser le regard de quelqu'un à l'autre bout du monde, ça va durer deux secondes mais ça va évoquer quelque chose de fort chez toi, le lendemain matin, t'auras oublié mais dans cinq ans, il est possible que ce souvenir remonte, que tu le ressortes dans une chanson?
Dans ta carrière, t'as eu des hauts et des bas dans ton inspiration. Aujourd'hui, t'en es ou ?Gérald de Palmas : Aujourd'hui, je ne m'en inquiètes plus. J'attends patiemment que ça revienne. J'ai tellement eu ça que je sais que, quand y'a un bas, y'a un haut derrière. Je suis jamais resté en bas. Y'a toujours un moment où y'a une chanson qui est revenue et qui m'a ressortie du truc. Donc j'ai arrêté de m'inquiéter?
Propos recueillis par Adeline Lajoinie